Retour sur les affaires et les documentaires liés à Robert Boulin et à François de Grossouvre ((janvier-février 2013)

A près de deux semaines d'intervalle, "France Télévisions-France 3" a très courageusement pris l'initiative de consacrer deux soirées à Robert Boulin et à François de Grossouvre, à travers des films, des documentaires ou même des débats télévisés. Pour nous, c'était justement l'occasion de revenir sur la face cachée de ces années de présidence sous Valéry Giscard d'Estaing (1974-1981) et François Mitterrand (deuxième septennat, de 1988 à 1995, contemporain, par ailleurs, de la mort de Pierre Bérégovoy en 1993). Mais au-délà de notre intérêt particulier, et parfois poussé, pour ces trois évènements politiques et judiciaires, il me semble toujours garder à l'esprit que ce sont bien les familles et les amis proches (toutes tendances politiques confondues) de ces trois victimes qui en ont le plus souffert jusqu'à aujourd'hui à cause des nombreux mystères liés encore à chacune de ces disparitions, en plus des secrets liés au "secret d'Etat", aux luttes et aux enjeux de pouvoir qui permettent et légitiment encore celui-ci en 2013 ... Loin d'être anecdotique sur le plan humain et historique, ces morts doivent nécessairement faire appel au temps long dans notre pays, depuis Richelieu et Louis XIV pour la "raison d'Etat" et la constitution d'un etat moderne et centralisé jusqu'aux réalités politiques et internationales liées à l'avènement de la Constitution de 1958 (le contenu de la loi constitutionnelle du 03 juin 1958) et aux années 1960 et suivantes (décolonisation et poursuite d'une politique africaine active après la guerre d'Algérie autour de Jacques Foccart, création du "SAC", développement et coopération entre les services de renseignement de différents pays en période de "guerre froide" entre les Etats-Unis d'Amérique et l'Union soviétique, multiplication des affaires de corruption au sommet de l'Etat, etc.). De mon point de vue, ces évènements seraient très certainement la conséquence, durant ces dernières années, de plusieurs phénomènes : la verticalité du pouvoir autour du principe monarchique et du maintien du suffrage universel comme source unique de légimité de chacune des trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire), l'absence de toute morale politique au profit de la seule et unique défense des intérêts forts et princiers ("Politique d'abord" !), la confirmation du principe de loyauté et de neutralité pour les fonctionnaires dus à leur subordination au pouvoir d'Etat au sein de l'appareil administratif et judiciaire, et de la reprise pour le seul compte de l'Etat du principe du "meurtre politique" hérité et développé aux cours des époques antiques, médiévales et modernes afin de lui servir de base et de recours éventuel pour faire face à ses opposants éventuels, quel qu'en soient les motifs réels invoqués à ce sujet ... C'est pour cette raison sans doute, que la survivance et l'étude des institutions de la Cinquième République et des comportements de l'homme en société ne peuvent que conduire, en période de crise politique, économique et sociale, à tels drames, de nature souvent criminels, au nom de la continuité et de la sûreté de l'Etat et d'un régime politique en question pour un pays comme le nôtre ...

Lien Internet pour revoir ces prochains jours l'intégralité du documentaire consacré à François de Grossouvre, lundi dernier (11 février 2013), et diffusé en cours de soirée sur France 3 : http://programmes.france3.fr/documentaires/index.php?page=doc&programme=docs-interdits&id_article=3526